Les formes de la langue qui expriment une modalité (verbes modaux, temps verbaux, adverbes épistémiques, etc.) donnent par leur sens même une indication sur la subjectivité et l’attitude de celui qui parle. Elles sont par conséquent employées dans des contextes argumentatifs, avec des buts différents (par exemple, avancer une réserve, apporter une justification, ou encore introduire la visée d’une argumentation). L’hypothèse de départ veut que le sens d’une forme ait une incidence sur le choix d’un ‘pattern’ argumentatif spécifique, et vice-versa : l’utilisation répétée d’une forme dans une certaine configuration argumentative détermine, dans une certaine mesure, les valeurs que la forme peut véhiculer. Mais comment identifier un pattern argumentatif ? Et comment mesurer la préférence pour un certain pattern par une forme de la langue ? Afin de répondre à ces questions, il sied d’exploiter les ressources des humanités numériques, en adoptant une approche corpus-based et en utilisant des méthodes et calculs statistiques. Les outils, les corpus et les plateformes à disposition permettent aux chercheurs, d’une part, d’identifier les patterns argumentatifs concernés, en les délimitant en tant que séquences dotées d’un marquage linguistique spécifique selon leur fonction (concession, justification, etc.) et, d’autre part, de calculer, au moyen de statistiques, l’association de ces séquences avec les formes modales à analyser.
Le but du projet « Ancrage argumentatif des formes modales – Etude sur corpus avec un éclairage comparatif entre français et italien » est d’identifier et de décrire tous les patterns argumentatifs possibles pour les formes modales prises en considération, dans deux langues romanes, le français et l’italien, dans des genres représentant des discours à vocation d’informer (discours de presse écrite, encyclopédies, essais, traités, textes académiques), et cela à différents stades diachroniques de la langue : les 20e/21e, le 19e et le 18e siècles. L’objectif est ainsi de donner une représentation synchronique, diachronique et comparative interlangues de la façon dont les traits inhérents aux formes modales du français et de l’italien et les patterns argumentatifs dans lesquels ces formes apparaissent de manière privilégiée s’influencent mutuellement dans le discours informationnel.
Ce projet implique la Prof. Corinne Rossari, la Dr. Cyrielle Montrichard, ainsi que Claudia Ricci et Linda Sanvido.
Source de financement
Fonds national suisse
Budget alloué
574’441 CHF
Début et fin du projet
Ce projet a débuté en septembre 2020 et se terminera en février 2024