Vous découvrez peut-être le moteur de recherche yandex.com mais il y a des chances qu’il puisse vous reconnaitre. Conceptualisé sur le même modèle que ses concurrents, yandex est un moteur de recherche permettant, entre autres, la fonction de recherche par image inversée. Cette fonction permet, non pas de rechercher une image sur la base d’un mot-clé, mais au contraire d’uploader une image sur le moteur de recherche et de faire ressortir les images similaires présentes sur le web public.
Là où yandex se distingue cependant de ses alternatives est que son algorithme de recherche inclut une fonction d’analyse et de reconnaissance faciale. Ce faisant, il permet sur la base d’une photo d’un visage appartenant à une personne dont les traits sont déjà présents sur des images publiquement disponibles sur le web, d’identifier la personne même si la photographie de base est en fait inédite.
Appliqué aux visages de personnalités plus ou moins connues et présentes sur le web, le moteur de recherche propose même d’identifier automatiquement le nom complet de l’intéressé et de recouper ses traits avec les données du web public.
L’impact de cet outil est relativement limité pour l’instant dans la mesure où yandex ne permet pas d’analyser les photos provenant des réseaux sociaux les plus populaires en Occident tels qu’Instagram ou Facebook. En revanche, ce moteur de recherche offre un degré de performance presque effrayant pour ce qui est de nos voisins d’Europe de l’Est, puisqu’il compare les photos fournies avec celles présentes sur VK.com, l’équivalent russe de Facebook. A partir d’un simple selfie, un utilisateur occidental peut ainsi se découvrir des quasi sosies de l’autre côté de l’Oural. Il suffirait ainsi que le moteur de recherche gagne un accès aux photos publiques de nos réseaux sociaux pour que chacun de nous soit virtuellement identifiable sur la base d’une simple photo extraite d’une séquence de vidéo-surveillance, ou volée au hasard d’une rencontre.
Si cette fonction est impressionnante dans l’absolu, elle n’en est pas moins inquiétante du point de vue du respect des droits individuels. En effet, le moteur de recherche divulgue par son fonctionnement des données personnelles à propos des individus alors que ceux-ci n’ont, a priori, jamais consenti à leur traitement dans ce contexte.
Si ces derniers temps le moteur de recherche semble avoir temporisé en restreignant l’efficacité de son algorithme, il n’en reste pas moins que sa manière de procéder se heurte aux principes fondamentaux du droit de la protection des données personnelles applicables en vertu du RGPD européen et de la législation helvétique en la matière qui instaurent tous deux le principe du consentement et de la restriction de l’utilisation des données personnelles au but pour lequel elles ont été fournies.